EXPANSION NAGADIENNE
- Gil Alcaix
- 12 nov.
- 2 min de lecture
Concept, aujourd’hui fortement discuté, explicatif de l’unification égyptienne
A partir des années 1960, des archéologues, en particulier W. Kaiser, émettent l’hypothèse que l’unification égyptienne ne résulte pas d’un conflit armé entre le Sud (finalement victorieux) et le Nord, contrairement à ce que les premiers préhistoriens de l’Egypte affirmaient. Ils évoquent à la place un phénomène de « conquête culturelle », avec une diffusion de la culture nagadienne sur l’ensemble de la vallée du Nil égyptienne (et nubienne). L’absence quasi-totale de connaissances sur la situation du delta à l’époque prédynastique explique en partie cette théorie : on ne connaît dans les années 1960/70 presqu’aucun site archéologique en Basse-Egypte pouvant contredire l’hypothèse. C’est pourquoi on imagine mal une population peu structurée résister à celles bien plus organisées autour d’Abydos ou Hiérakonpolis.
La situation évolue lorsque les fouilles archéologiques se multiplient depuis les années 1990/2000 dans la région du Caire et dans le delta, sous la menace de l’urbanisation qui les rend encore plus nécessaires et urgentes. Ceci ajouté à l’absence d’homogénéité culturelle constatée en Moyenne et Haute-Egypte amène certains chercheurs à proposer d’autres hypothèses, qui remettent en cause « l’expansion nagadienne ». E. Köhler nie l’existence de cette expansion et défend l’idée que chaque centre s’est développé selon des modalités liées à son environnement particulier, en contact avec les autres mais sans forcément qu’une influence soit constatée. La compétition entre les élites de ces centres aboutit progressivement à une unification politique et culturelle.
On a tendance actuellement à évoquer davantage un phénomène d’acculturation, en s’appuyant toujours plus sur les fouilles du delta (Kom el-Khilgan, Tell el-Iswid, etc.) et leur comparaison avec les sites de Moyenne et de Haute-Egypte. A propos de la diffusion d’objets nagadiens dans les tombes autour du Fayoum, Nathalie Buchez et Béatrix Midant-Reynes évoquent plutôt des « dynamiques culturelles » plutôt qu’une expansion, qui évoque elle davantage des mouvements de population. On peut y voir la volonté d’imitation ou l’adoption de « modes » sans qu’elles soient imposées ou qu’elles remplacent les cultures locales.
Le phénomène d’acculturation se serait déroulé progressivement : d’abord des échanges économiques, avec des élites nordistes imitant leurs semblables du Sud ; des mouvements de population ensuite, notamment d’artisans spécialisés ; enfin une adoption par le Nord des principaux traits culturels du Sud. La violence visible sur de nombreux documents, réelle ou symbolique, aurait alors accompagné cette phase, et permis une prise de contrôle politique et une assimilation complète, à la fois « désirée » et « forcée » (N. Buchez).


Commentaires